Bosnie-Herzégovine et Croatie : notes de voyage

Zagreb - Banja Luka

Zagreb - Banja Luka (3 août) : où l'on s'aperçoit notamment qu'on a oublié de réviser notre alphabet cyrillique.

Nous prenons le train à 8h45 pour Banja Luka, notre première étape en Bosnie-Herzégovine. Vieux train à compartiments, idéal pour discuter, sauf que l'on dort et que nos voisins ne sont pas très causants : une femme et son fils d'une quinzaine d'années, ce dernier parlant un peu anglais. « Vous allez à Banja Luka ? Oui ? Vous habitez là-bas ? Bon, ok, j'arrête de poser des questions, alors. »

Rien de bien passionnant pendant ce voyage. Un homme fait tous les compartiments avec un panier pour vendre un peu d'eau, des biscuits et plein d'autres choses. Caroline trouve les policiers et douaniers bosniens et croates impressionants. J'émets des réserves. Pas si balèzes que ça, quand même, faut pas exagérer. C'est l'uniforme, c'est un… euh, un effet d'optique, c'est tout.

Pendant le trajet, on aperçoit quand même un certain nombre de maisons qui ne semblent pas finies. La plupart ont des fondations en parpaings, non crépis, et puis des briques au-dessus. Pas (ou très peu, en tout cas ça ne nous a pas sauté aux yeux) de ruines. Seulement des maisons pas finies, ou partiellement détruites. On n'ose pas en conclure que ce sont des marques de la guerre.

On percute également que bon nombre d'inscriptions sont écrites avec l'alphabet cyrillique. En fait, toutes. Normal, nous sommes en Република Српска (Republika Srpska : République serbe de Bosnie). Des restes de mon voyage en Russie me servent à déchiffrer les panneaux indicateurs, mais je me rafraîchis la mémoire dans notre Petit Futé, on ne sait jamais… Petit Futé, que l'on trouve d'ailleurs bien incomplet lorsque l'on s'aperçoit qu'aucune carte du guide ne montre justement la division entre les deux entités de la Bosnie-Herzégovine : la Republika Srpska et la Federacija Bosne i Hercegovine (Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, anciennement appelée Fédération croato-musulmane). Quand on visite la Bosnie-Herzégovine, cela peut être important de garder à l'esprit de quel « côté » (sic, guillemets, tout ça) du pays on se trouve. D'ailleurs, je me demande quelle question poser aux autochtones : « Parlez-vous serbe ? », « Parlez-vous bosnien ? », « Parlez-vous croate ? » En Bosnie-Herzégovine, j'ai toujours dit que je ne parlais pas bosnien (« Ja ne govorim bosanski. »), même en Republika Srpska. Soit nos interlocuteurs ont pris sur eux, peut-être en pensant qu'on n'était bien maladroit et qu'on connaissait bien mal la région, soit ils partagent le point de vue d'un étranger (naïf, peut-être) selon lequel les trois langues n'en forment finalement qu'une.

Arrivée à Banja Luka (Бања Лука), joyeuse cité colorée de… En fait, non. Arrivée à Banja Luka, deuxième plus grande ville de Bosnie-Herzégovine. La gare est un énorme bâtiment massif, un peu à l'écart de la ville, sombre, déserte et vide. Au sous-sol, immense, des toilettes gigantesques, également vides. Bref, ambiance plutôt glauque. On dirait un bâtiment construit sous l'ère communiste, par un Tito qui essayait de montrer à Staline et ses potes qu'en Yougoslavie, on avait la plus grosse. Alors qu'en fait, cette gare a été construite à la fin des années 80.

On marche jusqu'au centre de la ville (30 à 45 minutes), repérant les panneaux indiquant « центар » (centar). On visite un peu : la forteresse, le centre, etc. On ne peut pas dire que ce soit très joli. À midi, deux burek, évidemment. Pommes de terre et oignons, excellent. L'autre est au fromage : franchement pas terrible, ce fromage. On en mangera d'autres en Croatie avec le même goût, d'ailleurs.

Il pleut et la ville n'est pas très jolie. Deux bonnes raisons (mais si, mais si) pour trouver un club de kayak, rafting et autres sports en eau vive. On demande à trois ou quatre personnes dans la rue, mais personne ne connaît ni le club, ni la rue (pourtant on s'applique pour prononcer et, devant l'incompréhension, on montre l'adresse écrite sur le guide). On finit par trouver une jeune femme dans une agence de tourisme, dans un centre commercial. Elle parle anglais et elle a un plan de la ville : c'est le bonheur. On discute un peu : elle se demande pourquoi on est venu en Bosnie-Herzégovine… Elle nous conseille des lieux à aller voir dans le pays. Sympathique, on la quitte avec un morceau de plan pour retrouver la rue du club de kayak (la rue avait changé de nom, c'est pour ça que les passants ne la connaissaient pas). Malgré le plan, on ne retrouve pas la rue rapidement, et on s'aperçoit qu'il commence à se faire tard. On rentre en bus et on récupère les sacs à dos, laissés à la consigne de la gare.

On décide de partir ce soir pour Jajce. On croise un jeune homme hollandais, de langue maternelle serbo-croate mais qui parle aussi anglais. On discute un peu, et Caroline et lui vont chercher des infos pour le bus vers Jajce. On se quitte, il a un bus à prendre.

On mange dans un petit restaurant à côté de la gare routière. Une soupe pour Caroline et, exceptionnellement, pas de burek pour moi. Je choisis un ćevapi (des saucisses dans du pain avec des oignons, en gros).

Une dizaine de minutes avant le départ du bus, on arrive sur le quai. On parle avec le collègue du chauffeur : plus de place. Comment ça, plus de place ? Ben oui, plus de place.

On cherche donc un jardin pour planter la tente, aux abords de la gare. On tente une première fois, et on tombe sur un homme qui trace des schémas dans un bureau (ce doit être son métier : traceur de schémas). Il nous dit qu'il y a des hôtels dans le centre-ville. C'est gentil, mais ce n'est pas vraiment ce qu'on cherche. Tant pis. Deuxième essai un peu plus loin : deux jeunes hommes sur le perron d'une maison. Un des deux parle vaguement anglais, alors on s'accroche : faut pas laisser passer cette chance (en ville, on n'a trouvé très peu de gens qui parlaient anglais). Au début, il n'est pas très chaud : il veut bien, mais que vont dire ses voisins ? On insiste un peu : il en parle à son collègue, appelle un de ses voisins, et finit par accepter. On plante la tente. Quelques minutes plus tard, quelques enfants passent nous voir, de loin : ils semblent un peu surpris. Doivent pas voir beaucoup d'étrangers, dans le quartier. D'ailleurs, en ville, on n'a pas vu beaucoup de gens avec des sacs à dos. Pas très touristique, Banja Luka…