Bosnie-Herzégovine et Croatie : notes de voyage

Drežnica - Mostar - Dubrovnik

Drežnica - Mostar - Dubrovnik (8 août) : où l'on découvre le tourisme en Croatie.

Lever tôt pour ne pas louper le train. On croise deux femmes qui nous offrent le thé et des petits-beurre (des petits-beurre de Zagreb ! Nantais, réagissez, que diable). La communication est difficile : encore une fois, le lexique se révèle bien léger. Une des femmes est l'épouse de l'homme qui nous a accueilli la veille. L'autre est probablement sa sœur (mais on ne sait pas vraiment si c'est la sœur de l'homme ou la sœur de l'épouse). Arrive alors la mère d'une des femmes, typiquement habillée (une sorte de chemise à fleurs, un gilet, un foulard), la peau mate et ridée, qui nous avait déjà apostrophé la veille dans sa langue natale : « Euh, ja ne govorim bosanski », que je lui avais répondu… On les quitte, après les avoir remerciées, pour rejoindre la gare, en-dessous du pont. Enfin « gare », le mot est peut-être un peu fort. Des rails qui passent à côté d'une toute petite bâtisse abandonnées avec Drežnica marqué dessus. On va supposer que c'est effectivement la gare. On a un peu l'impression qu'il faudrait se mettre sur les rails pour que le train daigne s'arrêter. D'ailleurs, la voie fait un virage juste avant la gare, et le conducteur ne la voit donc qu'au dernier moment. Pour peu qu'il regarde ailleurs quand il prend le virage, il est capable de louper la gare…

La « gare » de Drežnica.
La « gare » de Drežnica.

On s'informe de l'heure de passage du train (bonne occasion de réviser les chiffres, ça) auprès d'une personne qui passe devant la gare. On a un peu de temps. On en profite pour regarder le paysage sous le ciel bleu. Cet arrêt n'est pas dans le guide, mais il y aurait largement sa place…

Le train arrive, direction Mostar. On ne prend pas de billet, le trajet est court. Un quart d'heure de train, dans un décor toujours aussi joli : le train, comme la route, suit la Neretva. Arrivée à Mostar en fin de matinée. Visite de la vieille ville au milieu d'une foule de touristes. Très jolie, la vieille ville, mais ce serait encore mieux sans les innombrables boutiques de souvenir : peinture, gravure, miniatures (entre autres) du fameux vieux pont (stari most), dentelles, étoffes, sacs, lunettes de soleil, casques militaires, balles (ou douilles, je ne suis pas spécialiste), argenterie, etc. On devine quelques pavés et vieilles maisons, derrière tout cela, mais ce n'est pas facile. J'ai l'impression qu'il y a plus de touristes à Mostar qu'à Sarajevo. Peut-être parce qu'ils sont ici concentrés dans la vieille ville.

On s'eloigne vers le quartier croate (pendant la guerre entre Bosniaques et Croates, chaque camp s'est réfugié dans une partie de la ville : après la guerre, cette séparation est restée). Rien de bien extraordinaire, une ville classique, avec les marques de la guerre, cependant : maisons détruites, immeubles endommagés. Retour vers le quartier bosniaque, mais à l'est du centre. Dès qu'on sort des grandes rues indiquées dans les guide, il n'y a plus aucun touriste. Finalement, c'est assez agréable. On monte une ruelle, jusqu'à une pancarte qui indique une ancienne maison. Ça a l'air privé, mais la porte est ouverte et la pancarte nous intrigue. On jette un œil et on voit une famille en train de prendre le thé sur une terrasse. On commence à sortir, mais un homme vient vers nous et nous indique (en anglais) qu'il fait visiter la maison. Il dit que puisque l'on n'est que deux, ça va. De toute façon, les cars de touristes ne viennent pas jusqu'ici, la ruelle est trop étroite… L'homme nous fait donc visiter la maison, à côté de laquelle habite sa famille. C'est une très ancienne maison, décorée comme elle l'était avant. On visite notamment une pièce de trente mètres carrés à peu près, recouverte de tapis, avec des coussins tout autour. Toute la famille (y compris plusieurs femmes, la polygamie étant la coutume, à l'époque) s'asseyait dans cette pièce. La disposition devait faciliter la détente et les discussions. Il nous parle aussi de la situation actuelle de Mostar, séparée en deux quartiers. Chaque communauté vit dans son quartier et y reste. Il nous dit que la guerre est finie, mais que la séparation de la ville signifie tout de même que toutes les plaies ne se sont pas refermées, loin de là. La visite se termine et l'homme nous demande deux euros, parce que même si l'Unesco « parraine » sa maison, il nous dit qu'ils ne l'aident pas financièrement, ou en tout cas pas assez.

On repart vers la gare avec l'idée d'aller à Trebinje. Sauf que pas de bus ni de train pour Trebinje. Donc direction Dubrovnik, en Croatie. Après trois passages de frontière (entrée en Croatie à Metković, puis une dizaine de kilomètres de Bosnie-Herzégovine autour de Neum), des vues et un coucher de soleil magnifiques sur la côte croate, on arrive à Dubrovnik. On se dirige vers le seul camping de la ville (ceci dit, il y en a d'autres à quelques kilomètres de Dubrovnik), dans la presqu'île de Babin Kuk. On arrive au camping, après être montés dans un bus surpeuplé. Nous ne sommes plus en Croatie, nous sommes en territoire international. Tout est écrit en anglais, et quelquefois en serbo-croate. Le camping est surpeuplé, cher, rocailleux, et en pente pour les quelques emplacements restants. Il fait nuit, on a faim, on est fatigués, on galère pour faire nos pâtes. Finalement, on s'endort. On se dit qu'on va pouvoir prendre une douche le lendemain, c'est déjà ça…